J'ai eu mille péripéties dans la réalisation de ce violon, que je n'ai pas forcément eues lors de la fabrication du premier. Vernis raté, que j'ai entièrement enlevé (vive le vernis à l'alcool!) et refait. Sans parler de la table pas exactement à la forme de la couronne d'éclisses, deux trous dans le fond lors de la réalisation des niveaux de profondeur, etc.
Et pour finir, une fois monté, un son crincrin. J'ai fini par décoller la table d'harmonie, j'ai repris les épaisseurs de celle-ci, et après remontage le son était très correct. Mais complètement différent du premier instrument...

Côté son, c’est pas très puissant, assez doux. Les puristes trouveront sans doute qu’il manque un peu de pêche. Le gros regret sur cet instrument, c’est d’avoir mis des mécaniques droites. On a fait ce choix pour ne pas risquer de dénaturer la forme de la tête en S, mais ces mécaniques sont vraiment très (trop) sujettes au désaccordage. La prochaine fois, ce seront des mécaniques type guitare.

Je dois dire aussi que j’ai bénéficié des bons conseils de mon ami Jean-Marie Olaya, fin connaisseur de la fabrication de cet instrument.
Je n’ai pas eu le courage de sculpter le manche pour ce premier instrument, je l’ai acheté pré-formé (Luthimate, spot de pub), il restait quand même à lui donner sa forme définitive, à reprendre la volute pour l’amincir, percer les trous de passage des chevilles, etc.
Le travail de sculpture des voûtes de la table d’harmonie et du fond est un pur plaisir. Tout se fait à la main, à l’aide de gouges, de petits rabots, de râtissoirs. Le bon geste, le bon éclairage, le bon outil (et son affûtage) ont une importance déterminante ici.
Le vernis est réalisé avec un mélange gomme laque + benjoin, un encollage à la gomme gutte étant appliqué au préalable. Côté son, eh bien ce fut une bonne surprise : il est relativement puissant, des basses bien rondes, le tout assez équilibré. Bien meilleur en tous les cas que tous les violons que j’ai eu jusqu’à présent. Et ça c’est ma plus grande satisfaction, je dois l’avouer. Je n’ai qu’une envie : en refaire un autre!

Une autre différence par rapport au premier bouzouki, le renversement de manche est plus important. Du coup le chevalet est plus haut, l’angle des cordes sur celui-ci est plus important, le son est un peu plus puissant. La table est légèrement bombée pour compenser la pression du chevalet. Je l’ai équipé d’un capteur piezo intégré dans le chevalet (sous le sillet), et d’un préampli encastré dans une éclisse.

Les pastilles piezo ont été achetées chez Trout Cove Lutherie aux USA, à l’époque où ils acceptaient encore de faire des envois hors des frontières des USA! Ce capteur fonctionne très bien, à condition de le brancher sur l’entrée haute impédance d’un ampli.
Branché sur l'entrée haute impédance (j’utilise un Marshall AC60), il se révèle être un instrument au son plutôt agréable et réaliste. Je l’utilise d’ailleurs régulièrement en fest-noz, sur des morceaux où je l’accorde un demi-ton au-dessous de l’accordage classique.

J’ai fait cet instrument pour jouer de la musique irlandaise bien sûr, mais je me suis aperçu au fil du temps qu’il se prêtait bien à l’accompagnement en musique bretonne, qu’il apportait des «couleurs» musicales différentes et, dans une formation musicale avec une guitare basse par exemple, le jeu rythmique se détachait bien. J’utilise deux types d’accordage en fonction des morceaux joués : GDAE (Ré,Sol,LA,Mi en notation européenne!), ou GDAD. On peut bien évidemment utiliser d’autres types d’accordage (ADAD par exemple).

L’utilisation du noyer américain pour le corps n’était pas forcément la meilleure idée que j’ai eue, ce bois étant naturellement lourd, on le sent lorsqu’on prend cette guitare en mains. Ses proportions généreuses font que cette guitare a un son ample et chaud, et aussi parfois des basses qui peuvent être un peu trop présentes. Mais elle me plait bien, je la joue très souvent et, malgré quelques défauts, elle me procure beaucoup de plaisir.

Il est muni de quatre cordes, dont les deux plus grosses (les basses) sont souvent jouées à vide et servent de bourdon. Les deux plus fines, les chanterelles, sont jouées simultanément et permettent de faire la mélodie. Côté lutherie, cet instrument ne présente aucune difficulté de réalisation: le fond peut être fait d'une seule ou de deux pièces (la table aussi). Le manche doit être creux pour accentuer la résonnance et les harmoniques. Le dulcimer se joue soit sur une table, soit sur les genoux en prenant soin de l'attacher avec une sangle autour des cuisses pour qu'il ne bouge pas. On trouve beaucoup de similitudes entre les dulcimers et les épinettes des Vosges, même si ces dernières offrent sans doute une plus grande variété de formes et de modèles.